Jean-Jacques Hérin - Président de l'association ADOPTA - en quelques mots...
Au fil de cette interview, un acteur de l’économie circulaire et de l’éco-conception, nous fait découvrir son univers en quelques mots. TEAM2 remercie Jean-Jacques Hérin, Président de l’association ADOPTA, de s’être prêté à cet exercice.
PRÉSENTATION.
« Je m’appelle Jean-Jacques Hérin, je suis le président d’ADOPTA, association pour le développement opérationnel et la promotion des techniques alternatives en matière d’eaux pluviales. L’objectif est de ne plus se débarrasser des eaux pluviales, mais d’en faire une ressource, une richesse. Nous sommes dans la notion de circuit-court, de la gestion à la source des éléments et du recyclage, si nous pouvons parler à proprement dit de recyclage parce que nous sommes plutôt dans le cycle naturel de l’eau. L’association ADOPTA est née en 1997, de la volonté de la Région de Douai. Cette association a largement élargi son champ d’activité petit à petit pour devenir aujourd’hui une association reconnue nationalement et travaillant à l’échelle nationale, voir même international, en particulier avec la Belgique.
Nos missions sont au nombre de 4 :
- Sensibilisation à la problématique de la gestion des eaux pluviales,
- Accompagnement jusqu’à l’organisation de la structure, cela modifie la façon d’aborder le sujet et donc de l’intégrer dans l’ensemble des opérations que ce soit de projet, de conception, etc.
- Accompagnement y compris technique dans la valorisation des eaux de pluie, sans pour autant devenir maître d’œuvre,
- Appui scientifique et technique avec potentiellement des études de R&D (Recherche et Développement) appliquées pour répondre à des problématiques de freins et de questionnement. »
SPÉCIALITÉ.
« Notre spécialité est de réussir à mieux gérer l’eau de pluie à la source. L’objectif étant de modifier très fortement les systèmes qui ont prévalu jusqu’à présent, et depuis 170 ans. Le système préexistant consistait à évacuer les eaux pluviales de la ville, en même temps que les eaux usées et les ordures. On est passé en 1850 de tout à la rue, au tout à l’égout pour des raisons légitimes puisqu’on mourrait de maladie liée à l’eau. Aujourd’hui, on ne peut plus mourir de ces raisons-là. On se rend compte désormais que la gestion des eaux pluviales issues de cette politique du 19e siècle a atteint ses limites pour des raisons telles que le réchauffement climatique. Autant nous savons gérer les eaux usées correctement et les déchets, même s’il faudrait plus de circuits-courts et de recyclage. Mais nous n’avons plus besoin d’évacuer les eaux pluviales, au contraire, il faut revenir au cycle naturel et les remettre dans le sol, éviter les ruissellements et l’imperméabilisation des sols, etc. C’est une révolution culturelle, beaucoup de modifications sur le comportement des ressources de manière générale dont l’eau pluviale sont nécessaires. Il y a un besoin d’accompagnement afin de changer les pratiques dans les organisations privées et publiques. »
MOTIVATION.
« L’eau de pluie doit être considérée comme une ressource et non plus un déchet. S’il y a bien un produit de base absolument vital et fondamental, c’est l’eau. Tous les autres le sont aussi, bien évidemment. Il faut faire en sorte d’être dans des boucles d’économie circulaire, qu’il n’y ait pas de fin dans un système pour être dans un éternel recommencement. Si nous sommes adhérents croisés avec TEAM2, c’est parce que nous avons saisi toute l’importance de travailler ensemble, puisque chacun a une valeur ajoutée. Par exemple, les sédiments que ce soit les déblais, les produits de démolition ou autres, sont pour nous une source de matières premières qui peuvent rentrer dans des champs de gestion des eaux pluviales à la source. C’est dans cet objectif que nous sommes présents aux côtés de TEAM2. »
ENJEUX.
« Les enjeux sont à la fois environnementaux et économiques. L’objectif qui doit nous occuper est de faire rimer économie et écologie, ne pas penser que ce sont deux éléments opposés. Ils doivent être absolument complémentaires. Il manque aujourd’hui de matières premières qui posent problèmes. Le covid et toute la situation internationale le démontrent, si c’était encore nécessaire. Nous sommes dans un monde où il faut véritablement privilégier les circuits-courts, la recirculation, la récupération, la réutilisation, etc. Nous sommes sur un système mondialisé qui pose de plus en plus de difficultés, en dehors des impacts environnementaux du transport, etc. L’eau, n’est pas une matière qui voyage bien. »
R&D.
« Nous avons indirectement des collaborations avec des acteurs de R&D (recherche et développement) que ce soit en termes de recherches fondamentales ou appliquées. Nous avons effectivement besoin de conseils, car il reste un certain nombre de questionnements, notamment en termes de pollution. Il reste encore des connaissances à acquérir. »
COLLABORATION.
« Ixsane, qui est adhérent TEAM2, est une structure avec laquelle nous collaborons depuis longtemps. Nous menons un travail collaboratif, avec des intérêts collectifs. »
COMPÉTENCES.
« L’ouverture d’esprit, ne pas se mettre de limites et penser que c’est possible, sont pour moi des compétences fondamentales dans notre filière. Il faut ouvrir le champ des possibles. Une fois qu’il est ouvert, on peut avancer. Parfois, on échoue, mais il faut essayer. Et surtout, il ne faut jamais avoir peur d’oser. »
FILIÈRE.
« Si je devais décrire la filière en quelques mots, je dirais : vie, nature, biodiversité, cadre de vie. Tous ces éléments sont fondamentaux. Avec la problématique du dérèglement climatique, ils sont de plus en plus cruciaux pour essayer de le ralentir, mais aussi de s’adapter. Malheureusement, celui-ci est en route et il faut forcément s’adapter de plus en plus vite à ce qui nous arrive déjà, et ce qui nous attend. »
OBJECTIFS.
« Notre objectif pour la suite de 2023 est une massification du passage à l’action. La sensibilisation est largement faite, on l’a vu notamment en 2022 avec la sécheresse qui a sévi partout en France. C’est la première année où l’ensemble des départements de France ont été au minimum placé en vigilance sécheresse. Ça n’était jamais arrivé auparavant. Il y a une prise de conscience aujourd’hui et la grosse problématique est maintenant d’agir. »
ÉVÉNEMENTS.
« En 2023, il y a eu un moment fort qui a été le forum national de la gestion durable des eaux pluviales, qui s’est tenu à Lens fin mars. Il y a une affluence plus forte que les éditions précédentes. Le second point fort est le développement de la formation. On sent une demande, un besoin. Il faut donc agir et répondre aux attentes de tous les territoires au niveau collectivité. On sent cet engouement et ce besoin de formation se développer, même s’il est encore timide, c’est encourageant. »
LE MOT DE LA FIN.
« On a tous besoin des uns et des autres. Il faut véritablement travailler ensemble, décloisonner nos organisations. C’est absolument important d’ouvrir grand nos yeux avec un champ de vision le plus large possible, c’est comme ça qu’on y arrivera. »
Date de publication : 8 novembre 2023