Laurence Tesson et Marie-Claire Cabaret, fondatrices de l’entreprise Local relove

Laurence Tesson et Marie-Claire Cabaret, fondatrices de l’entreprise Local relove.
 

Au fil de cette interview, ces actrices de l’économie circulaire, nous font découvrir leur univers en quelques mots. TEAM2 remercie Laurence Tesson et Marie-Claire Cabaret, de s’être prêtées à cet exercice.


PRÉSENTATION.


« Je suis Laurence Tesson, fondatrice de Local relove.
Avant de me lancer dans cette aventure, j’étais responsable des sites et des applications mobiles au Crédit Mutuel Alliance Fédérale. Je me suis forgée au fil des années une solide expertise en innovation et en transformation digitale, aussi bien dans le secteur bancaire que dans le tourisme. Déterminée à promouvoir une économie plus responsable, je mets aujourd’hui mes compétences de gestion et de stratégie au service d’un projet ambitieux nommé Local relove. »
 

« Je suis Marie-Claire Cabaret. Forte d’une expérience chez Orange, La redoute, Crédit mutuel - CIC, Brico Privé, j’ai développé un véritable savoir-faire dans l’e-commerce et la gestion de plateformes en ligne. Ce qui me passionne particulièrement, c’est l’optimisation de l’expérience utilisateur (UX). J’ai souhaité mettre mes compétences au service du marché de la seconde main et soutenir les commerçants locaux. Ensemble, nous avons co-fondé Local relove, marketplace et solution SaaS qui digitalise les boutiques de seconde main dans la métropole lilloise et, bientôt, partout en France. »


SPECIALISATION.


« Local relove, c’est une marketplace “click & collect” où les consommateurs achètent en ligne des articles d’occasion disponibles dans des commerces de seconde main à moins de 20 km à la ronde. Sur cette marketplace, les commerçants peuvent générer leurs fiches produit en seulement 2 photos grâce à l’IA (intelligence artificielle).
 

Nous combinons ainsi retail tech, e-commerce local et économie circulaire. Très prochainement, nous proposerons une solution API plus complète pour les commerçants. »


MOTIVATION.


« Le projet est né d’un appel du territoire. Dans les Hauts-de-France, l’économie circulaire bénéficie d’un écosystème particulièrement structuré. À Roubaix, l’antenne EuraTechnologies – Blanchemaille nous apporte son savoir-faire “retail tech”. À quelques kilomètres, le Parc d’Innovation de l’Artois (PIA) à Lens complète l’accompagnement avec des mentors spécialisés dans l’économie circulaire et un réseau de partenaires. Cet effet de constellation – incubateurs, dispositifs régionaux de financement et boutiques vintage très actives – crée l’environnement motivant dont nous avions besoin pour tester notre solution et grandir rapidement. Local relove s’est donc lancé là où l’envie d’innover rencontre un cadre solidaire, propice à faire rayonner la seconde main bien au-delà de Lille.»
 

STRUCTURE.


« À ce jour, la structure compte deux associées fondatrices et trois développeurs freelances et un stagiaire en UX/UI. Hébergée à l’incubateur d’EuraTechnologies – Blanchemaille, Local relove bénéficie également d’une incubation au Parc d’Innovation de l’Artois. »


FILIERE DU RECYCLAGE EN QUELQUES MOTS.


« Pour décrire la filière du recyclage, je dirai : la seconde-main près de chez moi. Chaque vente est un produit sauvé ; la récupération en boutique supprime le suremballage. »


ÉCONOMIE CIRCULAIRE.


« L’économie circulaire n’est pas un volet annexe de Local relove, c’est son ossature.
Nous mettons en place du réemploi local par défaut. Chaque article vendu prolonge sa durée de vie, limite les déchets et fait travailler un commerce de proximité plutôt qu’une plateforme d’expédition internationale. La logique click & collect (rayon ≤ 20 km) supprime l’envoi postal, donc le surcoût carbone et les emballages à usage unique. Nous allons toutefois proposer prochainement une formule de livraison verte sur notre site internet pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer. Il existe également une éco-conception numérique, un hébergement à faible impact géographiquement proche, scripts et médias allégés, dark-mode par défaut : autant d’optimisations qui divisent la consommation énergétique de la plateforme et prolongent la durée de vie des équipements des utilisateurs. Nous disposons d’un modèle économique solidaire, d’une commission raisonnable uniquement à la vente, réinvestie dans l’amélioration de l’outil et l’élargissement du réseau de partenaires locaux, afin de démocratiser l’accès au numérique pour les petites enseignes. En résumé, Local relove traduit sa sensibilité à l’économie circulaire par un triptyque “réemploi, proximité, sobriété numérique” inscrit partout : dans le parcours client, dans l’architecture technique et dans la manière même dont la start-up se finance et se développe. »
 

DEFIS.


« Les défis qui accompagnent le déploiement de l’économie circulaire chez Local relove sont nombreux. Le premier consiste à acculturer un réseau de commerçants très hétérogène au numérique. Beaucoup de boutiques de seconde main fonctionnent encore avec des processus manuels : encaissements sur papier, inventaires sur tableur, communication reposant sur le bouche-à-oreille. Il faut former ces professionnels, parfois éloignés des outils digitaux. C’est pour répondre à ce “manque d’outils adaptés” que la plateforme a été co-construite avec eux dès le départ. Un autre défi majeur est de digitaliser sans alourdir les coûts. L’économie circulaire ne peut progresser que si la solution reste abordable pour de petites structures. Le modèle Local relove prévoit une commission modérée (10 % ht uniquement à la vente) et réinvestit la marge dans l’amélioration continue, afin d’éviter que la barrière financière n’empêche les magasins de franchir le pas. Il s’agit aussi de conserver une empreinte logistique ultra-locale en grandissant. Le click & collect dans un rayon de 20 km supprime le colis, mais il faut maintenir cette proximité lorsque la plateforme s’étendra à d’autres régions. L’enjeu est de développer des hubs partenaires et une approche “hyper-locale” tout en répondant à la demande hors métropole lilloise. À cela s’ajoute un défi culturel : faire évoluer les représentations grand public de la seconde main.


Certaines clientèles perçoivent encore les articles d’occasion comme moins qualitatifs. Les commerçants soulignent aussi la “perception négative” que peut susciter un magasin de seconde main face aux enseignes neuves. Éducation, storytelling produits et système de notation fiable sont donc essentiels pour lever ces freins. Enfin, il faut mesurer et prouver l’impact environnemental en limitant les trajets et les emballages mais également chiffrer le CO₂ réellement évité, afin de donner aux utilisateurs un indicateur clair de leur contribution. Le développement de ces métriques, encore émergent, mobilise des ressources data et un cadrage méthodologique exigeant. Pour conclure, former, intégrer, financer, étendre sans dénaturer, convaincre le consommateur et objectiver l’impact constituent les six pierres angulaires du déploiement des principes d’économie circulaire chez Local relove. »


OBJECTIFS.


« D’ici trois ans, nous voulons faire de Local relove le réflexe « seconde main près de chez moi ». Concrètement, cela passe par le déploiement de la plateforme bien au-delà de la métropole lilloise, tout en gardant notre ADN hyper-local, avec un rayon de 20km autour de chaque boutique, et en prouvant la scalabilité du modèle en Europe. Il s’agit aussi d’enrichir le produit : recommandations personnalisées, tableaux de bord éco-impact et nouvelles fonctionnalités BtoB pour automatiser encore plus la mise en ligne, et ouvrir la solution aux braderies permanentes.


Enfin, nous comptons accroître le maillage de boutiques partenaires ; partir des 30 magasins déjà engagés autour de Lille et passer à plusieurs dizaines par région, afin d’offrir une vraie alternative de proximité aux géants du e-commerce.


Et pour 2025, on se souhaite…

  • Une première année de marketplace qui cartonne : trafic régulier, taux de conversion qui décolle et premiers retours clients qui valident l’expérience “click & collect local”.
  • La sortie de notre appli mobile (déjà en chantier) pour rendre la chasse aux pépites seconde main encore plus fluide.
  • Une communauté soudée de commerçants, d’exposants et d’acheteurs qui fait rayonner l’économie circulaire made in Local relove
  • De belles rencontres institutionnelles afin de pérenniser notre croissance responsable. »


UN DERNIER MOT.


« À partir de septembre 2025, Local relove ne se contentera plus de connecter les boutiques à leurs clients : la start-up lancera Local relove stories un média 100 % dédié à l’univers de la seconde main. Concrètement, il s’agira d’un écosystème de contenus multiformats (articles de blog, podcasts courts, reels, tutos vidéo, sans oublier des portraits de vendeurs et d’acheteurs) diffusé sur le site et les réseaux de la marque.


Pourquoi créer un média ? La notoriété d’une marketplace se joue d’abord sur la pédagogie. Nos premiers utilisateurs réclament des guides pratiques pour évaluer l’état d’un produit, des retours d’expérience d’exposants, des idées d’upcycling et, plus largement, des histoires inspirantes qui donnent envie de franchir la porte d’un magasin local.


Local relove stories, répond à ce besoin tout en incarnant notre positionnement : « seconde main, premier choix », dans un ton simple, proche et accessible. Les bénéfices attendus sont d’attirer puis fidéliser de nouveaux acheteurs en ligne grâce à des contenus “snack” qui renvoient vers la marketplace. Ensuite, offrir une vitrine gratuite aux boutiques partenaires via des mises en avant éditoriales et des interviews tournées en magasin. Il s’agit aussi d’asseoir Local relove comme référence française de l’économie circulaire locale, en relayant innovations, initiatives et bonnes pratiques. Enfin, le média vise à générer un flux durable de leads B2B (commerçants, braderies permanentes) tout en maîtrisant les coûts marketing. »

 

Date de publication : 3 juin 2025