Olivier Hutin, Président de Maxei Group et d’Arras Maxei - En quelques mots...
Au fil de cette interview, cet acteur de l’économie circulaire, nous fait découvrir son univers. TEAM2 remercie Olivier Hutin, de s’être prêté à cet exercice.
PRÉSENTATION.
« Je suis Olivier Hutin, Président de Maxei Group et d’Arras Maxei, une entreprise que j’ai reprise en janvier 2009. Passionné par l’industrie, domaine dans lequel j’ai construit toute ma carrière, j’ai acquis une riche expérience dans les secteurs de l’aéronautique, de l’automobile, de la chimie et de l’agroalimentaire. Je suis également le Président de l’UIMM Hauts-de-France et un des représentants régionaux de France Industrie, avec un collègue de la chimie.
Arras Maxei est une entreprise plus que centenaire car elle trouve ses origines en 1898 pour la fabrication de lampes de mineurs connues sous la marque « ARRAS »
« Après avoir glanée deux Médailles d’Argent à la grande Exposition de Paris en 1900, la société a traversé les deux guerres et a même été nationalisée après-guerre au sein des Charbonnages de France pour reconstruire le pays et relancer la production charbonnière. Appelée jusque-là S.A.E.A.E. pour Société Anonyme d’Eclairage & d’Applications Electriques, elle ne prend son nom actuel qu’en 1957 lorsqu’elle fusionne avec la société MAXEI pour Machines Auxiliaires pour l’Electricité et l’Industrie, elle-même crée en 1919 à Neuilly-sur-Seine. Cette société, qui fabriquait des équipements à destination des bobineurs pour les moteurs électriques et les transformateurs, était très avant-gardiste en matière d’économie circulaire puisque dès les années 1930, elle avait créé un stand de démonstration de recyclage d’huiles usagées avec, comme slogan : « L’huile de qualité ne s’use pas, elle se souille, Rénovez-la par les procédés MAXEI » !

« Cette avance technologique ne s’est pas démentie par la suite avec la création du premier appareil de traitement sous vide des huiles diélectriques de transformateurs en 1952.
Aujourd’hui, Arras Maxei, qui ne fait plus de lampes de mineurs depuis 2007, fabrique toujours, au sein de son département Energie, des équipements destinés en particulier à la fabrication et à la maintenance des transformateurs et moteurs électriques de fortes puissances avec une position de leader mondial sur les machines de traitement et de régénération des fluides diélectriques. Ces équipements sont effectivement vendus à près de 70% à l’export sur les 5 continents.
Parallèlement, l’entreprise a un autre département « Process Industrie » qui étudie et fabrique de A à Z des machines spéciales industrielles afin de répondre à tous les besoins spécifiques de nos clients. Ce département dispose également d’un atelier d’usinage capable de réaliser des pièces mécaniques complexes de précision en petite série pour l’industrie. L’entreprise fabrique également des machines et des équipements pour la manutention et le conditionnement de matériaux flexibles (enroulage, déroulage, mesure, coupe, enfilage, …) sous la marque Bouharmont, société crée en 1923 qui a rejoint le groupe en 1990 et a été fusionnée avec Arras Maxei en 2022. »
SPÉCIALISATION.
« Notre activité en économie circulaire se concentre sur un secteur de niche : le traitement et la régénération des fluides diélectriques. Cependant l’enjeu environnemental n’est pas négligeable puisque les plus gros transformateurs peuvent contenir plus de 100 tonnes d’huile. Nos procédés permettent de réaliser les traitements périodiques de ces huiles en enlevant l’eau et les gaz dissous qui détériorent les caractéristiques d’isolement des fluides et risquent d’entrainer une détérioration du transformateur.
Nous fabriquons aussi des installations qui permettent de régénérer des huiles usées acides qu’il faudrait, en principe, incinérer et remplacer par une huile neuve. Ce procédé fait passer l’huile à travers des résines, appelées « terre à foulon » qui sont elles-mêmes régénérées par un procédé à haute température équipé d’un traitement des gaz innovant pour traiter les rejets.
Nous finalisons également un nouveau procédé breveté qui permet de traiter les PCB (produit toxique et cancérigène de la famille des dioxines, également connu sous le nom de pyralène) contenus dans certaines huiles encore largement présentes dans de nombreux transformateurs à travers le monde. L’originalité de notre procédé est d’être plus respectueux de l’environnement et moins dangereux que les procédés existants. »
INTÉGRATION.
« En tant que vice-président de Team2, j’ai participé activement à la création de ce Club.
Le Club des Équipementiers Français du Recyclage permet tout d’abord de mettre en avant la filière française des constructeurs d’équipements destinés à l’économie circulaire. Elle permet aussi à ces derniers de partager des bonnes pratiques et de travailler en partenariat sur des projets communs comme, par exemple, les centres de tri. »
DÉFIS.
« L’histoire de l’entreprise montre qu’elle a toujours été très avant-gardiste en matière d’économie circulaire à une époque où celle-ci n’était pas encore d’actualité. Aujourd’hui, avec le dérèglement climatique, l’économie circulaire et la décarbonatation deviennent des impératifs pour assurer l’avenir de la planète. Même si notre domaine d’activité, très spécialisé, a un impact assez limité, il apporte sa goutte d’eau à l’édifice et il permet également d’économiser des ressources non renouvelables, les huiles étant majoritairement issues de produits pétroliers.
Par ailleurs, nous nous efforçons de réduire l’impact environnemental de l’entreprise en mettant en place des solutions telles que l’éclairage LED et la gestion technique de bâtiments (GTB) pour optimiser nos consommations d’énergie, ainsi que l'impact des produits que nous fabriquons. »
ÉVOLUTION.
« Notre objectif est de poursuivre l’optimisation de notre gamme de produits pour réduire leur consommation d’énergie, minimiser les rejets et les rendre toujours plus conviviaux afin de faciliter leur pilotage par les utilisateurs. Comme nos machines fonctionnent généralement sans présence humaine, elles peuvent être pilotées à distance et nous ajoutons régulièrement de nouvelles fonctionnalités afin qu’elles soient toujours plus sûres.
Nous poursuivons également notre politique de R&D pour innover sur de nouvelles technologies telles que l’épuration des rejets de nos machines de régénération ou la nouvelle machine de traitement des PCB. »
FILIÈRE DU RECYCLAGE.
« Une filière indispensable pour réduire nos rejets ultimes et sauvegarder nos matières premières. »
CONTRAINTES RÉGLEMENTAIRES.
« Les contraintes réglementaires ne nous ont pas vraiment poussés à innover, mais certains équipements, comme le traitement des PCB, permet de répondre au durcissement de certaines normes. »
OBJECTIFS.
« Poursuivre nos efforts pour réduire l’impact environnemental de notre entreprise et des produits qu’elle fabrique. »
UN DERNIER MOT.
« L’économie circulaire fait partie des gènes de l’entreprise depuis plus de 90 ans. Nous souhaitons bien entendu poursuivre et amplifier cet engagement afin d’ajouter notre pierre à l’édifice pour la préservation de la planète. En tant que représentant régional de l’industrie, je pense qu’aujourd’hui l’économie circulaire est prise en compte par la grande majorité des entreprises industrielles qui l’intègrent dans leur stratégie. Je reste donc confiant pour le futur avec une industrie responsable qui a déjà démontrée des résultats très significatifs dans ce domaine. »
Date de publication : 5 décembre 2024