Ronald Berger-Lefébure - fondateur et président de la start-up iUMTEK - en quelques mots...
Au fil de cette interview, un acteur de l’économie circulaire et de l’éco-conception, nous fait découvrir son univers en quelques mots. TEAM2 remercie Ronald Berger-Lefébure, président et fondateur de la start-up iUMTEK, de s’être prêté à cet exercice.
PRÉSENTATION.
« Ronald Berger-Lefébure, je suis le président et fondateur de la start-up iUMTEK. Elle a été créée en octobre 2017. Nous sommes un concepteur et fabricant d’instruments de mesures d’analyses d’éléments chimiques au cœur des procédés industriels engagés dans la transition écologique et l’économie circulaire. »
TEAM2.
« Nous avons adhéré, car TEAM2 est un acteur essentiel et incontournable au niveau des pôles de compétitivité, mais également, puisque vous êtes le seul ayant pour feuille de route tous les travaux concernant le recyclage. Quand on parle d’économie circulaire, cela fait partie de notre raison d’être. »
SPÉCIALISATION.
« Nous sommes un concepteur d’instruments pour le contrôle qualité et notre aventure entrepreneuriale résulte de plusieurs constats qui concernent notamment le gaspillage des matières premières. Il y a des études qui démontrent qu’en moyenne, 1/4 de la matière première de ressources naturelles non-renouvelables extraite chaque année sur notre planète n’est pas valorisée, au cours des processus industriels. Il y a donc un gaspillage énorme. L’objectif de iUMTEK, est de proposer aux industriels de réduire ce gaspillage en permettant d’optimiser leurs procédés par un monitoring en temps réel, à chaque étape de leur production. C’est pour cela que notre domaine d’application est dédié aux différentes étapes d’un cycle de production. Au niveau des métaux stratégiques, on sait depuis 20 ans que l’économie va dépendre d’un pays ou d’une tension géopolitique, etc. L’idée est de mettre à disposition une technologie 10 à 20 fois plus rapide que d’autres méthodes, d’analyser in situ les matériaux, et enfin de pouvoir identifier des éléments chimiques qui ne sont pas détectées par les moyens de mesures habituels. Notre capacité technologique s’articule autour de 2 expertises : la photonique et l’intelligence artificielle. La technologie que l’on met en œuvre permet l’identification d’éléments chimiques, au niveau des atomes alors que la plupart du temps et jusqu’à maintenant, l’approche était plutôt moléculaire. C’est la seule technologie qui est capable de couvrir l’ensemble des éléments du tableau périodique de Mendeleïev, c’est-à-dire tous les éléments recensés aujourd’hui qui sont au nombre de 118, et plus particulièrement, les éléments dits légers comme l’hydrogène, le lithium, le carbone, l’oxygène ou le magnésium, etc. C’est une singularité de la technologie. »
HISTOIRE.
« On relève de la filière de valorisation du CEA. Donc, à l’origine, c’est une rencontre entre trois équipes, le CEA, le CEA investissement et iUMTEK. Au commencement, nous étions 3 salariés et nous nous sommes connus dans le cadre d’une expérience professionnelle précédente. Après une période de réflexion, nous nous sommes lancés dans cette aventure. Notre motivation : contribuer au quotidien aux enjeux environnementaux et sociétaux. La déclinaison d’une technologie qui a été utilisée et qui est toujours utilisée à des fins civiles au niveau nucléaire et la porter au niveau de process industriels et environnementaux, est à l’origine de iUMTEK. C’est une contribution d’une petite société, à la valorisation de la R&D publique. Actuellement, nous sommes l’équivalent de 8 salariés. »
CERTIFICATION.
« Nous nous inscrivons dans la transition écologique. On nous catégorise comme deeptech, c’est précisément une start-up qui va valoriser la R&D d’un institut de R&D majeur et d’importance pour ensuite aller vers le business. Sachant que cette route vers le business demande du temps et du financement. Chez iUMTEK, nous nous inscrivons dans des projets de mise en œuvre, comme ceux des gigafactories, etc. Ensuite, nous sommes aussi une cleantech, parce que nous allons mettre en œuvre ces technologies pour aller suivre des éléments chimiques dans les rejets industriels dans l’atmosphère. On est également labellisé green tech par le ministère de l’Écologie et de la transition depuis 2020. De plus, nous sommes lauréat i-Lab en 2019 par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. On apporte au quotidien un mix technologique (photonique et intelligence artificielle) afin de résoudre des problèmes de monitoring et de répondre à des enjeux sociétaux. »
MISSION.
« L’économie circulaire est un domaine qui revêt une importance particulière pour iUMTEK. Encore une fois, on essaie d’apporter une solution par rapport à des besoins. Il se trouve que de plus en plus, nous sommes tous concernés par le recyclage. Ce que l’on recycle, on vient le mélanger avec un flux de matières premières primaires ainsi qu’un flux de matières premières secondaires. Quand on fait ce mélange, on va alimenter un réacteur chimique, par exemple, et il faudra s’assurer que nous ne sommes pas en train de polluer éventuellement un flux primaire par un flux secondaire. Le recyclage embarque de manière structurelle une notion de points de mesure. Notre contrôle qualité se fait in situ, ce qui signifie qu’on met à disposition un instrument de mesure qui permet de dire si le mélange est conforme ou non. Il s’agit d’apporter un diagnostic et une aide à la décision aux industriels. On peut être lanceur d’alerte pour le bénéfice des industries en disant : « Attention, vous avez des plastiques, des déchets électroniques et des retardateurs de flammes au-dessus de la réglementation ». Notre mission, c’est d’apporter une mesure d’un tiers de confiance in situ, pour pouvoir confirmer ou non que la production soit conforme aux attendus. »
DÉVELOPPEMENT.
« Nous avons un peu plus de 4 ans d’existence. L’instrument que nous commercialisons depuis fin 2018 permet de qualifier la pertinence de la technologie au regard des éléments chimiques d’intérêt pour des matériaux analysés en laboratoire. Ce que nous faisons chez iUMTEK en 2022, c’est décliner cette plateforme pour des applications dans le contexte de filières industrielles. Il se trouve que nous avons des appels à projets assez nombreux dans le cadre de France Relance. Par exemple, France 2030, est constitué de 10 objectifs, iUMTEK a la possibilité de contribuer à 4 d’entre eux. Donc en 2022, on recherche le co-développement. C’est pour cela que les pôles de compétitivités sont des maillons clé et vont permettre aux entrepreneurs ou aux petites entreprises de se mailler avec les besoins du marché. Ce dont mon équipe a besoin, c’est d’identifier des cas d’usages possibles où les entrepreneurs et grands donneurs d’ordre anticipent des problèmes que nous pouvons résoudre par notre technologie d’analyse in situ temps réel sans préparation d’échantillons. »
OBJECTIFS.
« Participer à des projets dans le cadre d’appels à projets France 2030. iUMTEK peut intervenir sur plusieurs objectifs. Par exemple, sur le nouveau nucléaire, pour le véhicule électrique (détection du lithium lors du cycle de fabrication et recyclage des batteries), pour l’émergence de la filière hydrogène vert, le recyclage du cuivre etc. Être un contributeur à la réindustrialisation de la France au titre d’un tiers de confiance de la mesure chimique in situ ».
ENJEUX.
« Si vous avez des enjeux de contrôle qualité en production métallurgique, recyclage ou traitement de surface de contamination, confiez-nous vos échantillons afin de valider la performance de notre technologie au regard de vos éléments chimiques d’intérêts. »
Date de publication : 12 juillet 2022